Un enfant de troisième culture (TCK/3CK) ou enfant trans-culturel est "quelqu'un qui, pendant son enfance, a consacré une longue période de sa vie dans une ou plusieures cultures autres que sa propre, intégrant ainsi certains éléments de ces cultures avec celle sa naissance créant une troisième culture."

Click here to read blog in English <<<>>> Haga click para el blog en castellano

dimanche 26 février 2012

Les lignes de Nazca – Un message de nos ancestres?


Le Pérou possède quelques trésors anthropologiques des plus fascinants du monde. Parmi ceux-ci, on trouve une série de curieux géoplyphes qui ornent le sable du désert de Nazca, juste à 400km de Lima. Ces dessins en pierre sont nommés les lignes de Nazca et couvrent plus de 80km d’une superficie quasiment inhabitable, leur origine datent environ 400 et 650 AD. Tous ces dessins qui font partie du paysage sont : des colibris, des arraignées, des singes, des poissons, des requins, des orques, des lamas, des lésards et des dieux, tous et chacun visible dans l’espace – et pas trop au niveau de la terre. Il existe plusieurs théories à propos de ces images, quelques-unes plus complexes qu’autres, comme s’il s’agissait d’un hommage aux dieux, des points de navigation pour les habitants et même un point de repère pour les anciennes civilisations. Plusieurs parmi vous devez penser, «Qu’il s’agit de quelque chose époustouflante». Moi aussi, je posserais cette question puisque notre tentative d’arriver jusqu’à cet endroit tomba dans l’eau. De toute façon, c’est une drôle d’histoire et pourra servir à répondre aux questions du lecteur via mail, en ce qui concerne ce cadeau péruvien pour le reste du monde.

Le singe: un des signes plus reconnu

Ce voyage fut notre première sortie de Lima lors d’un long week-end en 1996 – Brian était toujours chez nous – et nous avions toujours envie de découvrir les endroits les plus attrayants aux touristes de notre pays hôte. Les gens viennent de tous les coins du monde pour visiter cet endroit . Il y aussi un grand nombre de documentaires où vous pouvez voir les lignes et peut-être mieux qu’à partir de la tour d’observation sur place. Nous avons fait venir du Canada notre adorable Plymouth Voyager à Lima au Pérou, ce qui fait que nous étions tout contents de faire ce voyage dans notre confortable et spacieuse fourgonnette, avec nos provisions pour cette expédition dans le désert y compris un grand bidon d’eau, très apprécié lors d’une expédition pareille. Nous avions beaucoup aimé le désert voisin de l’Atacama au Chili, ce qui fait que nous nous sentions rassurés de poursuivre cette idée. Nous avons réussi à arriver jusqu’au village de Ica – à peu près la mi-chemin – où nous avions retenu des chambres dans un bel hôtel appelé Las Dunas en plein milieu du désert et en utilisant juste la moitié de notre réservoire d’essence au plomb. Ce genre de carburant et très poissonneux pour les véhicules de l’Amérique du nord qui prennent de l’essence sans plomb. En effet, cela veut dire que notre fourgonnette ne fut pas l’exception de cette kryptonite, pour dire ainsi. Évidemment, ce ne fut pas un grave problème pour la voiture lorsqu’elle roulait sur les surfaces plates, mais quand même le moteur réchauffait fréquemment, et dégageait des nuages de vapeur –  comme résultat, mon vieux père énervé exprima, dans un langage pas trop poli, son mécontentement. Au début, nous n’arrivions pas à comprendre et étions étonnés, à chaque fois que le moteur réchauffait – spécialement s’il s’aggissait d’une montée - , nous étions obligés de faire halte car l’indicateur de moteur s’arrêtait. Pauvre Plymouth ! Le bidon d’eau devint très utile après tout, le radiateur devait être rempli souvent, à peu près à toutes les heures.

Au bout de quelques heures de fumée et malgré tous les arrêts - ainsi que la contrariété de mon père- nous sommes éventuellement arrivés à Ica. L’hôtel fut l’endroit idéal pour des vacances de famille. Il comptait avec des terrains pour jouer au tennis, un panier de basketball, une grande piscine et une croix entre la dune la plus grande et la plus petite, quelque chose de jamais vu. Ce qui fut drôle, c’était que l’on pouvait faire du surf de sable sur les dunes, sauf qu’il fallait être prêt à attérir sur la figure et dans les ronces. Il y avait également un terrain de mini-golf et nous pouvions choisir nos propres clubs. Nous avons accroché au golf sans avoir aucune idée de quel driver nous devions choisir, nous avons aussi pris des bâtons et un putter. Maman était un joueur de golf plus chevronné et nous a fait des recommandations à propos des bâtons, elle nous a déconseillé d’utiliser un driver car les distances à partir du tee jusqu’au green n’étaient pas trop longues. Comme personne d’autre était sur le terrain de golf, nous décidâmes d’essayer toutes sortes de choix à partir du tee jusqu’aux greens afin d’avoir un parcourt plus long sur le terrain de jeu et une meilleure opportunité. Je commençai le swing en ligne avec le driver. Pour les lecteurs qui ont plus d’expérience, vous devez apprendre que ma mère eut raison, ce qui veut dire que vous devez toujours écouter votre mère. Les bâtons en fer couvrent des distances plus courtes et le driver a été conçu pour des distances beaucoup plus longues.  Je frappa la balle suivie d’un merveilleux déclic comme résultat d’un swing que j’avais pas mal calculé et nous avons regardé la balle dans l’air, comme une chauve-souris qui échappait l’enfer, passant au-dessus de l’hôtel et ensuite, nous l’avons perdue de vue. Nous étions stupéfaits avec ce formidable coup si long, mais une fois revenus à la réalité, nous avons pensé que la balle aurait pu blesser quelqu’un. Brian et moi, sommes allés investiguer discrètement si tout était bien et fûmes soulagés quand nous avons trouvé la balle dans la piscine. Brian demanda l’enfant qui était en train de nager de nous donner la balle qu’il avait échappé comme l’on échappe un vrai tir – quelqu’un d’autre esquiva une vrai balle de golf.

Le lendemain, nous sommes partis faire une autre promenade 200km sur l’autoroute panaméricaine – laquelle semble avoir une seule voie en chaque sens – nous avons traversé des petits villages appelés en hommage aux saints et aux sacrements. Ces endroits avaient l’air très simples, néanmoins chapeau aux citoyens! car on aurait dit qu’il n’y avait pas grand chose comme produits agricoles afin de survivre dans ce sec désert. Ce fut également bizarre, à l’époque, les dunes étaient couvertes d’ordures, y compris des sacs en plastique du fameux supermarché E.Wong. L’autre aspect spécial fut qu’il y avait pas mal de circulation sur les routes du désert. Des combis se suivaient avec un écart de juste quelques minutes (ces élégantes fourgonnettes Toyota usagées avec des inscriptions en japonais), elles transportaient les habitants et étaient toujours complètes. Notre Plymouth empoisonnée tomba en panne à toutes les quinze minutes sans déranger la parade de voitures. Au contraire, on aurait dit que nous étions la source d’un grand amusement pour tous les passants. Rien de plus amusant pour quiconque que de voir des gringos qui ont des problèmes. Vous n’avez aucune idée, ce fut comme s’ils  jouissaient des séries de  Mr .Bean, probablement parce qu’il s’agissait d’un étranger qui passait par des situations difficiles, mais nous avons tous des choses qui nous font plaisir accompagnées d’un sens de culpabilité en même temps. On dirait qu’au Canada tout le monde connaît le fameux épisode quand il fourra sa tête dans une dinde, même s’ils ne veulent pas l’admettre. Il fut également difficile en plein désert trouver un endroit pour éliminer l’excès de liquide, c’était impossible avec tout le monde qui regardait et nous ne pouvions pas aller chercher les toilettes les plus près puisque la voiture ne cessait pas de tomber en panne. À l’occasion, cette routine fut ressortir les meilleures qualités de mon père et nous avons décidé comme groupe de laisser tomber et ne pas prendre de chance pour arriver jusqu’aux lignes de Nazca, malheureusement avec la grande possibilité de neplus jamais avoir cette opportunité à l’avenir.

Ocucaje, un oasis péruvien

Nous avons plutôt passé le reste de notre voyage à écouter Los Fabulosos Cadillacs et nous sommes promenés en voiture dans les alentours de Ica. Du coup, nous avons trouvé un merveilleux oasis appelé Ocucaje. Il y avait un tout petit village, peut-être juste un peu plus d’une dizaine de vieux bâtiments rustiques et le vignoble Ocucaje,  juste à côté d’une petite lagune. Selon mon père, ce fut l’un des plus mauvais vins qu’il put jamais avoir dégusté. La seule façon de s’y rendre, ce fut en suivant des chemins poussièreux et des sentiers au long du chemin de fer en mauvais état. Nous avons déjeuné là, dans l’un des immeubles, sur une terrasse en bois sous une marquise, avec la vue sur la lagune entourée de grandes dunes. Ce fut comme si un vent de tempête pourrait pousser les dunes dans l’eau, et bloquer l’accès à cet endroit. Notre repas fut assez bon – les meilleurs endroits au Pérou pour manger ce sont les plus humbles – dans notre repas le dessert était y compris une gélatine d' Inka Cola. Le garçon fut tout content de nous l’annoncer et servir la création culinaire unique de cet établissement, mais en fait nous étions déçus. Ce fut comme si l’on mâchait une crème de soda. C’était dommage que nous n’avons pas pu arriver jusqu’aux lignes mais nous avons découvert que l’on pouvait préparer de la gélatine avec du Inka Cola – bien que nous ne l’avons plus mangé. N’hésitez pas d’y goûter à votre propre risque!

dimanche 19 février 2012

Liens de la famille – Mes cousins

Nous avons tous comme une boussole à l’intérieur, développée par les liensdu sang de famille, il est impératif naturellement pour nous tous de fairenotre pèlerinage de façon individuelle jusqu’à notre propre terre sainte. La majoritédes enfants d’une troisième culture ou transculture, à un certain moment dansleur vie, ressentent une certaine jalousie envers ceux qui ont la chance demener une vie sédentaire. Ces derniers jouissent du grand avantage de cotoyerde façon régulière tous les membres de la famille étendue et ont le temps pourcréer des liens solides parmi les différents groupes en dépis de l’âge. Ceuxqui sont élevés comme des nomades, souvent surnommés des citoyens du monde, ontévidemment un désavantage, mais malgré tout, ils cherchent toujours à retrouverla famille pour s’y refugier. Leur amour inconditionnel et leur compréhensiondeviennent, comme l’enfant qui manque du consentement de leurs parents aprèsavoir accompli quelque chose d’extraordinaire. Comme nomade aventurier, oncherche toujours la famille pour avoir la paix en soi.







Mes chers cousins avec mes oncles et ma mémé



Avec le départ demon frère du noyau familial, j’avais besoin de trouver du sens en plusieurschoses et à présent je comptais sur ma boussole qui était prête pour me dirigeret retrouver une direction en mapersonne. D’une certaine façon, ce fut le résultat du terrorisme à Lima et êtreen même temps une cible. Comme je l’ai déjà mentionné sur l’article précédentde mon blog, avec les voyages je perdais beaucoup de temps en train d’essayerde défendre mes obligations. La première fois dont mes efforts ont étérecompensées malgré tout, ce fut quand nous étions obligés d’évacuer pendant laprolongée période de vacances : janvier et février – n’oubliez pas que cesont les mois d’été dans l’hémisphère sud – quand le Canada, ma chèrepatrie, était enterrée sous la neige avec des températures bien au-dessous dezéro. Qui n’aimerait pas retrouver le soleil tropical, les plages sableuses etles activités en plein air, au lieu d’avoir leur famille enfermée à l’abri dugrand froid à cause de l’hiver? Ceci représentait de passer deux mois avec maMémé, ma grand-mère maternelle et avec la famille de ma maman dont j’avais eule plaisir de la revoir juste une semaine l’année d’avant, et laquelle je n’avaispas revue depuis que j’étais enfant.


Au commencement,le plus grand bénéfice ce fut pour ma Maman. Elle luttait toujours contre cespectre de cancer qui l’empêchait de continuer avec sa routine quotidienne,elle avait besoin d’être auprès de sa mère. Ma mère et sa famille – une familletrès nombreuse, même plus que celle du film «Mariage à la grècque» - avaient toujours été très attachées. Ilss’aidaient toujours les uns les autres tant dans les bonnes circonstances commedans les mauvaises et ce fut comme ça à travers les générations, très solidesayant survécu des guerres, desconflicts, l’exile et toutes sortes de moments difficiles. Je pense qu’àl’époque, ils ont été des pionners en ce qui concerne l’expériencetransculturelle, avec de la famille originaire de la Belgique, de laFrance et de l’Espagne et s’adaptant à de nouvelles cultures sans peine. Si jevoulais rentrer dans des détails, je serais obligé de passer toute une année ouplus à écrire des blogs, mais en fait, c’est vraiment une merveilleusehistoire y compris les liens avec Maximilien Habsbourg, monarque autrichien et empereur du Mexique, le Général Bazaine, maréchal de France, le Président Porfirio Díaz du Mexique. C’est ainsi que j’ai bien à dire que ma maman avait une idée très claire tant du côtépsychologique comme le généalogique, ce qui représentait des déménagements etde l’adaptation, elle avait déjà tout cela dans ses gènes – ainsi que les outils nécessaires pouremménager n’importe où. En ce qui me concernait, j’étais sur le processus dedécouvrir le mien.


Pendant monséjour chez ma grand-mère, j’ai commencé à fréquenter mes cousins germains,Fernando, Javier et Annie. Ce fut quand même compliqué profiter au maximumd’être avec eux, puisqu’ils avaient leurs propres responsabilités scolaires etengagements avec leurs amis qu’ils connaissaient depuis longtemps, comme ceuxdont j’ai été obligé de laisser tomber en quittant Lima pour les vacances. Toutau plus, ils ont fait un effort pour m’ inclure dans leurs sorties, pour allerau cinéma, ou bien prendre un café Java et bavarder. J’ai beaucoup apprécié cesmoments pour mieux les connaître et me rendre compte comment ils étaient, et cequ’ils étaient devenus, en remémorant en même temps nos espliègeries d’enfants.On nous arrangeait toujours de deux en deux, ce qui vraiment ne marchait paspour moi – J’étais trop grand pour m’amuser avec mon cousin Javier et tropjeune par rapport à Fernando – ces moments faisaient partie du passé, c’étaitfini. À présent, il s’agissait d’une conversation qui avait pas mal évoluée etétait devenue un dialogue de personnes presque adultes, nous échangions de lamusique et avions un vrai intérêt dans la vie de chacun.







Avec ma super Mémé à la plage



Probablement,parmi les choses les plus importantes de ma vie, malgré que nous ayons vécu desmondes à part, nous avons été comme des frères et sœurs. Nous avons tous étéélevés avec les mêmes valeurs et apprécions la définition spéciale du sens de famille. Les bons momentset mes préférés furent, lorsque nous étions tous réunis pour les repas tout autour de la table de la salle-à-manger de ma grand-mère, j’écoutais tout lemonde rire et bavarder en dégustant à la fois un bon repas préparer à lamaison. Ces expériences pendant les mois de janvier et février de 1998 ontréellement contribuées à définir ce que signifie la famille étendue en réalité,et la chance que j’avais d’avoir mes parrains – Mon oncle Fernando et ma tanteAnnie. Ils m’ont vraiment fait sentir chez moi et au moment de partir, je mesentais toujours rassuré quand ils me disaient que si jamais j’avais besoin devenir vivre chez eux, j’étais le bienvenu. Je savais à présent que je comptaissur eux et avais envie d’investir plus de temps à l’avenir avec eux cinq et maMémé.

dimanche 12 février 2012

Lorsque deux ans deviennent quatre

Au départ, Lima serait une affectation pour mon père de deux ans. Le ministère des Affaires étrangères (notre propre ministère) déterminait le niveau de difficulté, en prenant en compte les conditions de vie – menaces de violence, disponibilité de services médicaux fondamentaux, eau potable, c’est-à-dire toutes les choses  indispensables qui aident à mener une vie normale – afin de négocier la durée de l’affectation. Comme suite aux conséquences de la crise du MRTA et l’important rôle du Canada à Lima, l’affectacion fut prolongée d’un an de plus. Certainement, le fait que ma mère devait suivre des traitements pour le cancer a été un facteur qui nous mena à cette année supplémentaire. Il n’était pas question de  déménager pour aller dans un autre pays dans l’état de santé dont elle se trouvait, elle ne l’aurait pas supporté puisqu’elle était faible et ne s’était pas encore remise. Elle avait déjà été mise en congé à l’hôpital, mais elle suivait diligemment les traitements de radiothérapie juste au cas où il y aurait des célules qu’on avait pas pu enlever au moment de l’intervention à la Clinica Montesur. Nous étions tous obligés de nous adapter à une nouvelle vie y compris Brian qui était à 6000 km de distance.
David Bickford, un employé très sérieux

L’année de première a rapporté d’importants changements dans ma vie. Du côté académique, je débutais parmi des jeunes de mon âge dans l’élite, je devais suivre le baccalauréat international pour assurer une meilleure opportunité pour être admis à l’université de mon choix dans mon pays d’origine – sans oublier en fait  la grande possibilité d’obtenir une bourse. Le curriculum,  j’en suis certain que la plupart de mes paires seraient d’accord, était beaucoup plus exigeant que les études du programme américan ou bien le péruvien. Mes sujets préférés dans le programme du BI furent – Historie des Amériques, un continent pour lequel j’avais toujours eu une grande passion à partir de Tuktoyactuk jusqu’à Tierra del Fuego et aussi ITGS – mon cours d'informatique dans une société globale, je débutais ainsi dans le monde des ordinateurs. Le système du Lycée français interdisait l’utilisation de calculatrices ou d’ordinateurs, nous étions obligés de faire travailler la tête, on nous faisait aussi apprendre tout par cœur. Leur mentalité est que si l’on ne fait pas travailler ce muscle, vous ne le ferez jamais, dans d’autres mots vous risquiez de le perdre. Néanmoins, j’aimais bien être capable de créer tout plein de choses à l’ordinateur, et éventuellement j’ai réussi à créer un site à l’internet pour l’équipe de Softball de l’école secondaire ainsi que mes propres sites pour faire homage à mes groupes de musique préférés. Moi-même, j’ai été surpris de ma capacité d’apprendre aussi vite.
Ce moment fut également une grande source de fierté canadienne pour moi, notre Ambassade acceuillit des professionnels de l’élite de la sécurité qui travaillaient pour SCRS et pour la GRC. Ils étaient venus dans le sud pour faire une évaluation détaillée vis-à-vis la sécurité des maisons habitées par le personnel canadien de l’Ambassade (les maisons des employés du MAECI et leurs familles vivant à l’étranger), et renforcer la sécurité à l’Ambassade située à Miraflores, ainsi que celle de la résidence de l’ambassadeur, et former à la fois les agents de police locaux qui deviendraient l’accompagnement armé des voitures officielles pour nous garder en tout temps et en tout lieu. J’étais capable de comprendre qu’ils étaient impliqués et que nous étions dans de bonnes mains. Tout au plus,  l’attaché de la GRC à l’Ambassade était de première classe, il ne donnait pas seulement un excellent exemple de service comme agent portant une décoration, mais aussi un remarquable membre qui contribua dans notre communauté canadienne d’expatriés. Tous les gens l’aimaient dès qu’ils le rencontraient, y compris ses homologues des différents pays avoisinants et les personnes responsables des services chargés de l’application de la loi.
Du coup et en raison des circonstances, j’étais obligé d’être toujours accompagné par plusieurs gardes du corps, ce qui fut un important changement dans ma routine quotidienne. Mon père devait en avoir un tout le temps, un gentil agent de la police péruvienne qui s’appellait Roberto Mendoza. Il prenait son rôle au sérieux et agissait toujours sans exception d’une façon professionnelle. J’aimais lui raconter des blagues de temps en temps comme le font tous les adolescents, ce fut de cette façon que nous avons développé un bon rapport. J’étais convaincu qui si jamais il devait agir pour protéger mon mon père, il le ferait tout de suite sans hésiter. Mon père lui rapporta du Canada, lors d’un de ses voyages, un sweatshirt dont il accepta volontiers. Ce fut son fils qui a eu ma précieuse collection de GI Joe. L’autre garde du corps, nous accompagnait tous les jours dans le bus scolaire. Il n’y a pas grand nombre d’enfants canadiens qui auraient pu raconter la même histoire. Personne, comme passager se sentait gêné, car nous savions que c’était pour notre propre bien. Il s’appelait Luis, un gars au physique maigre et nerveux avec un excellent sens de l’humour. J’essayais de parler sur le foot, principalement de l’équipe nationale péruvienne de foot et la possibilité de qualifier pour la Coupe du Monde. Il ne montrait jamais son revolver pour se faire remarquer et encore moins pour nous intimider pour que nous soyons sages dans le bus scolaire. Il était toujours fier de lui-même et de son rôle, même s’il s’agissait de protéger des enfants étrangers, un emploi dont la plupart des professionnels de ce niveau aurait du mal à poursuivre avec un certain respect. Nous avions des gardes du corps chez nous les vingt-quatre heures et les sept jours de la semaine, ils aimaient jouer au basket-ball avec moi. Ils portaient leurs grosses bottes, leur pistolet, leur équipe de nuit, leur radio et leur veste de sécurité, tout ceci fut contre leur avantage. Pour des raisons de sécurité, quand je sortais avec mes copains de l’école, je devais faire très attention de porter absolument rien qui pourait m’identifier comme Canadien, «Ce n’était pas facile!».
Notre cher ami de la GRC, Jean-Yves avec l'Ambassadeur et mon père

Probablement, le plus difficile des changements de mon style de vie à m’adapter ce fut le fait de partir en voyage. Oui, c’est bien ça, j’ai dit voyager. Un grand nombre de personnes aiment l’idée de voyager pour connaître de nouveaux endroits et prendre une pause de la vie réelle, mais pendant combien de temps peut-on échapper à la réalité du chez soi ? Mes parents n’eurent pas de choix cette fois-ci. Notre gouvernement imposa que les familles quittent le poste aussitôt que l’école finissait ainsi qu’à chaque fois qu’il y avait des congés prolongés pour des raisons de sécurité, vu le danger en croissance du personnel canadien de l’Ambassade au Pérou. Ce qui voulait dire qu’à chaque fois qu’il y avait un congé quand j’aurais pu passer du temps avec mes copains ce n’était plus possible. Certes, c’est cool de voyager et voir le monde, mais cela devient difficile lorsqu’on sait qu’il est dangereux de rester chez soi et vous devez quitter vos copains. Néanmoins, j’ai réussi à profiter bien de Lima et de cultiver mes amitiés malgré tout. J’ai dû accepter la réalité et obéir le règlement pour veiller à mon propre bien-être et ma sécurité.

dimanche 5 février 2012

Souvenir de l’année 97

Peu importe la relation avec les parents, les frères et soeurs. Les parents sont, en fait, les seuls qui peuvent vraiment comprendre ce que vous êtes – ou vous serez – en train de passer. Un noyau familial solide est d’une importance primordiale. Les personnes, qui n’en font pas partie de notre vie,  pensent souvent que l’expérience d’un expatrié est l’équivalent d’une année sabbatique pour profiter du beau soleil sur la plague en bordure de la mer portant un drôle chapeau. Généralement, ils n’associent pas ce déplacement avec le fait que l’on devient une cible pour les terroristes – comme ce fut le cas des conséquences lors des événements de la résidence japonaise – ou des attaques aléatoires – quand Mario Lambert et moi venions de quitter un parc d’attractions au Pérou, quelques minutes plus tard un groupe l’a fait exploser – en tout cas, il faut toujours continuer avec la vie quotidienne. Vos propres parents comme vos frères et soeurs connaissent ces histoires et savent que ce n’est pas une exagération et qu’il ne s’agit pas d’un cri désespéré afin d’attirer l’attention. Ils ont dû subir aux mêmes luttes que vous. Cela ne veut pas dire que le reste de votre famille ni vos amis ne veuillent pas comprendre, cependant votre mentalité, identité et même votre culture ont été complètement transformées et ne ressemblent plus à celles de vos compatriotes, bien sûr dans un sens positif, car vous avez sacrifié la stabilité ainsi qu’un sens de continuité quotidienne.
Notre superbe équipe de softball

En 1997, mon noyau familial fut secoué non seulement par des coups de revolver et de gros fardeaux qui indiquaient la fin du siège. Mon grand frère, Brian, nous quittait pour poursuivre ses études universitaires de médecine, en mettant brusquement fin à notre confortable routine et camaraderie. Il était plein d’enthousiasme de quitter le nid pour aller trouver son émancipation. J’étais content pour lui, mais en même temps, il allait être difficile pour moi de vivre dans la même maison après son départ. Le bruit Sepulturesque n’allait plus faire trembler la maison avec les gros haut-parleurs que son ami Paul et lui avaient fait. Les Cowboys From Hell faisaient leurs valises pour partir à London dans l’Ontario. Notre journée de détente pour jouer au basquet « 21 », à l’entrée de chez nous, serait remplacée par un solo. La relève de lanceurs dans notre club de softball à l’école allait avoir des difficultés pour le remplacer ainsi que son coup franc gaucher essayant de battre le monstre vert sur le champ de droite au terrain. Les voyages en famille deviendraient juste pour trois personnes. Je n’avais jamais pensé qu’un jour pas trop lointain, le fait de vivre tous sous le même toit marquait la fin d’être tous ensemble. Il n'y aurait plus de retour.
Pour rendre les choses encore plus difficiles et au moment du dixième anniversaire de la guérison du cancer que ma maman avait eu, juste un peu avant le départ de Brian qui nous quittait pour aller à l’université, elle fut diagnostiquée de cancer une nouvelle fois. Un soir, mon papa et  ma maman, nous ont demandés de venir dans leur chambre pour parler sérieusement sur quelque chose. Mon père répétéait de nouveau le célèbre cliché : «Ce n’est rien de grave!». À chaque fois que j’avais entendu cette phrase dans le passé, cela voulait dire tout le contraire. Plusieurs années plus tard ma maman m’a avouée, que cet été là, elle avait décidé de passer quelques jours auprès de sa maman car il y existait une certaine possibilité que ce serait la dernière fois qu’elle pourrait le faire. Ma maman fut hospitalisée le 15 août 2007 à la Clínica Montesur dans le quartier de Monterrico à Lima pour se faire opérer et elle resta en clinique pendant 5 jours jusqu’à ce qu’elle fut mise en congé. Brian resta à son chevet quelques nuits, personne a voulu que je prenne la relève à cause de mes obligations scolaires. Tout le monde suggéra – pour mon propre bien – que c’était mieux pour moi de continuer avec ma routine de tous les jours. Je n’aimais pas que les gens prennent des déecisions pour moi. La seule chose qui me passait par la tête était de me demander si j’allais toujours revoir ma maman le lendemain ou bien si je n’allais plus la revoir à cause de ce cancer qui hantait ma famille. Elle était l’élément qui gardait la famille unie.
L’école n’aidait pas du tout à dissiper ma pensée de cette épreuve. Ma maman était le professeur de français depuis un bon bout de temps et à présent…Elle était absente. C’était quelque chose de surprenant pendant sa carrière professionnelle au collège Roosevelt. Évidemment le personnel était au courant de la raison de son absence, mais les étudiants commencèrent à poser des questions et obtinrent des réponses comme la plupart des adolescents. Peu de temps après, mes paires m’approchèrent pour exprimer leur compassion, leur appui en me souhaitant que tout s’arrange bientôt. J’aurai préféré que tout le monde réagisse d’une façon normale. En tout cas, tout allait bien. Le bouquet fut quand quelqu’un m’approcha pour dire : «Mon frère est mot de cancer, si tu as besoin de parler à quelqu’un, je suis là». Ouf ! Un commentaire pas trop rassurant, mais j’ai compris que c’était dit avec de bonnes intentions. J’ai ressenti comme si je luttais contre d’immenses vagues à l’école, de la même façon que le Titanic dans le vaste océan, je devais me préparer pour mes dernières années de secondaire – ce sont les années dont les universités sans exception vraiment prennent en considération. Tout au plus, je me suis battu et bien concentré  pour garder ma place et mes bonnes notes, afin de rester de façon permanente dans le programme du Baccalauréat International. Je devais réussir. À l’arrivée du mois de septembre Brian était parti. Ce ne fut pas pour échapper ses responsabilités, au contraire. Je n’ai aucun doute que ce fut bien difficile pour lui de quitter notre mère en sachant qu’elle devait suivre des séances multiples de radiothérapie. Les deux avaient toujours été très attachés.
Ma maman avec les profs de l'école

Nous avons tous des défis à surmonter et souvent nous ne voulons pas nous rendre compte du grand privilège que nous avons par rapport aux autres. La plupart parmi nous, avons une certaine tendance à croire que la vie et les personnes qui jouissent d’une meilleure situation que la nôtre, était le sort qui a décidé ainsi, avec un ressentiment envers Dieu. Je culpabilisais un peu au début de cette crise et ressentais que je n’avais pas le soutien qu’il me fallait. Quiconque pourrait très bien vous dire dans une situation pareille, «Tu dois être fort!» ou bien «C’est la vie!» - d’habitude, c’est la dernière chose que l’on veut écouter – même si c’est la meilleure chose à dire pour nous remonter le moral. Nous avons tous de différents mécanismes pour faire face aux situations. Même dans ce moment là qui fut plus sombre et qui semblait être la fin de mon monde auquel j’y attachais, je me suis rendu compte que «tu» - le «tu» universel – peux toujours compter sur la bonté des autres. Les personnes dont on connaît quasiment pas, deviennent des amis, les amis peuvent devenir comme des frères et vous pouvez retrouver la réconciliation d’une amitié dont vous la considériez perdue. C’est à vous et personne d’autre de subir la douleur et de vous en sortir pour continuer votre chemin. Demain, les personnes que vous aimez peuvent être avec vous ou peur-être pas, mais la vie continue – évidemment en les gardant toujours près de notre cœur et dans la pensée. Une fois de plus, ma mère lutta et survécut le cancer. Je n’ai jamais oublié le soutien envers tous les quatre de tout le monde, des personnes inconnues, des amis et de la famille. On ne vous oublie jamais chez nous pour vos gestes d’amitié inconditionnelle lorsque nous avons eu besoin.