Un enfant de troisième culture (TCK/3CK) ou enfant trans-culturel est "quelqu'un qui, pendant son enfance, a consacré une longue période de sa vie dans une ou plusieures cultures autres que sa propre, intégrant ainsi certains éléments de ces cultures avec celle sa naissance créant une troisième culture."

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dimanche 17 juillet 2011

Comment redevenir Canadien


Quand nous sommes revenus au Chili, après nos vacances de Noël et du Jour de l’An, juste quelques mois avant notre sixième anniversaire d’avoir quitté Ottawa. En tant qu’enfant, la notion de temps, prend une importance différente, à celle que nous avons à l’âge adulte. Le Canada était resté dans le passé, Au bout de deux ans et demi, à l’œil non averti, mon frère et moi étions devenus Chiliens. Le processus d’adaptation a été tout un succès, nous avons appris à partager nos passe-temps, notre passion pour la cuisine, nos expressions ainsi que nos préoccuptations socio-politiques qui  étaient les mêmes que celles des gens du pays. Nous n’étions plus des étrangers canadiens provenant du Venezuela. Mes parents étaient fiers du résultat en général de comment nous étions devenus à l’aise avec tous les aspects de nos vies en transit. Ils partageaient cependant une préoccupation qui finirait par nous affecter, c’était notre départ dans avenir pas trop lointain et qui était inévitable. La crainte a interrompu une fois de plus notre stabilité et notre sentiment d’appartenance et avec la possibilité de répercussions entraînées par une nouvelle transition en espérant ne pas être trop négatives sur leurs enfants. Certains enfants diplomatiques ne peuvent pas gérer des changements dramatiques de façon positive, une fois qu’ils atteignent un certain âge et se rendent compte de la valeur de leur stabilité, un paramètre important dans la programmation opérationnelle d’un enfant. Être Canadien était, en fait, un concept étranger pour mon frère et moi qui possédions une compréhension superficielle de notre pays.

Maman, Brian et moi à Salto Laja

Le Canada a toujours joué un rôle majeur en termes de mon identité et celui-ci était un synonyme de «chez nous». J’étais «le Canadien» à l’école. Chez nous,  d’habitude signifie l’endroit où l’on revient après l’école, le travail ou bien après avoir passé du temps avec les amis. Je n’avais pas vécu chez moi (dans mon pays), en fait, depuis presque six ans, assez comme pour avoir oublié comment était la vie à Ottawa dans la banlieue. Nous allions tous les ans voir la famille dans l’Ontario, pendant la période des vacances. Toronto a généralement servi comme point d’entrée, suivi par un court séjour chez mon oncle John et ma tante Amy à Étobicoke. Ce fut toujours un moment spécial pour moi de renouer les relations avec eux, puisque maintenant je commençais à les associer avec le Canada. La magie du Noël blanc a encore contribué à un sentiment de vivre dans un rêve. Dans ma perspective, le Canada était pour passer du temps avec mon oncle John et ma tante Amy. J’aimais traverser les portes automatiques de l’aéroport, après avoir passé les douanes et l’immigration, j’avais hâte de voir mon oncle qui était venu nous chercher. Mes grands-parents habitaient Kingston, à environ trois heures de distance de Toronto vers le nord. La route pour arriver chez eux semblait éternelle mais cela vallait bien la peine. Pour la Noël, généralement, nous nous réunissions chez ma tante Margaret et mon oncle Rick à Grimsby, à environ une heure au sud de Toronto. C’était l’occasion annuelle pour revoir nos cousins Emily, Stef et Katie, et passer du temps avec eux. Ils étaient plus jeunes que nous, mais l’écart d’âge n’a jamais été un obstacle pour jouer ensemble et faire partie de la famille. Nous étions toujours prêts pour cette occasion de célébrer tous ensemble les fêtes de fin d’année avec la dinde la plus grande dans le marché. Je me souviens toujours du goût savoureux de la dinde rôtie au four, la farce, les pommes de terre et la sauce qui l’accompagnait. J’ai toujours aimé ce goût unique et délicieux, mais le fait d’être tous réunis pour la saison des fêtes donnait encore un bien meilleur goût au repas.

Le contact plus frequent avec mon pays a été à travers les événements organisés par la communauté canadienne, où les enfants, nous étions invités ainsi que les visites que nous faisions de temps en temps à l’Ambassade, celle-ci était située sur l’avenue Bernardo O’Higgins et la rue Ahumada. Ma maman nous emmenait à l’Ambassade quand Brian et moi étions en congé de l’école, nous allions voir mon papa au bureau, quelque chose que nous attendions toujours avec impatience. Il y avait de bons endroits pour manger à Santiago. Chaque fois que nous sommes allés à son lieu de travail, notre presence a été reconnue et nous avons été accueillis dans un environnement courtois. Les collègues de mon père qui se rendaient compte que nous étions là venaient toujours nous dire bonjour et nous demandaient en même temps comment allait l’école. Ils étaient tous des gens charmants, ils faisaient partie de notre famille à l’étranger. Le patron de mon père, l’Ambassadeur Michael Mace, était un homme extrêmement courtois, lui et son épouse ont développé une solide relation avec mes parents tout au long de notre affectation. Ils nous ont inclus dans beaucoup de leurs retrouvailles car notre présence les faisaient penser à leurs propres enfants quand ils avaient notre âge. Leur fils et leur fille étaient au Canada, probablement à l’université à l’époque. En dehors de ce monde, j’ai rencontré des travailleurs canadiens impliquaient dans des projets de développement, chefs d’entreprise de la Banque Scotia engagés dans des acquisitions avec Banco Sud Americano ainsi que des professionnels venus de toutes les mines du Grand Nord. J’étais fiers de voir le rôle de mes compatriotes au Chili, en particulier à travers des projets d’aide au développement pour améliorer la qualité de vie de membres défavorisés de la société. Ma maman insistait, nous étions obligés d’assister à ces événements, ce qui a permis de développer d’excellentes compétences sociales et pris conscience à un âge précoce de notre pays dans un contexte international. J’avoue que cette façon d’avoir été élevé est un excellent avantage, on ne peut pas apprendre ces compétences dans une classe où les sujets sont restraints à des discussions théoriques. Brian et moi avons reçu très jeunes un diplôme en sciences sociales et un MBA à travers de cette belle expérience ce qui est un atout à notre formation.

Un week-end calme d’été, peu après notre aventure polynésienne. Brian et moi avons été appelés pour venir dans la salle familiale lorsque nous étions en train de jouer dehors dans le jardin. Mon papa était assis sur le divan devant la télévision et ma première réaction a été de me demander quel film nous allions regarder ensemble cette fois…Mes parents avaient décidé qu’il était important d’enrichir nos connaissances sur le Canada, puisque le programme de l’école ne comprenait même pas l’essentiel. Ils pensaient également à la façon dont ils pouvaient  nous aider une fois de plus à cette nouvelle transition. Je ne suis pas sûr ce que mon frère a pensé, mais je ne pouvais pas imaginer que devions quitter Santiago. Mon papa nous a aussi apporté un grand livre qu’il avait trouvé parmi ses disques LP et commença à nous expliquer le contenu. Je me rappelle que le livre avait beaucoup d’images, on aurait dit une encyclopédie mais avec beaucoup plus d’illustrations. Ce qui était particulièrement important pour moi, spécialement parce que j’avais eu plusieurs années d’immersion vis-à-vis la langue, de plus je n’avais jamais écrit ni lu l’anglais à ce point tournant dans ma vie. Il y avait de nombreuses descriptions de certains moments clés dans l’histoire du Canada. Les événements y compris furent:  la découverte de Terre-Neuve par les Vikings, les premiers explorateurs européens, colons français et anglais, grandes batailles comme la guerre de 1812 et mon sujet préféré les drapeaux de chaque province, avec leur capitale respective. Au bout de quelques week-ends comme ceux-ci, nous avions acquis suffisamment de connaissances comme pour passer un examen de citoyenneté avec des couleurs battants, si se fut le cas. Ceci a été super intéressant pour moi et très motivant pour apprendre plus au sujet de mon pays.

La famille Bickford visite un projet de dévelopment au sud du Chili

Il peut être une tâche difficile pour les parents vivant à l’étranger en affectation de créer un environnement stable à long terme pour leurs enfants. Les enfants ont une certaine tendance à devenir auto-impliqués et dépendre d’un environnement plus familier qui les fassent sentir confortables. Les enfants sont des enfants. Les changements sont  souvent accompagnés d’un sentiment de crainte effroyable en raison du chemin inconnu à parcourir. Comme ils ont l’expérience de nouveaux événements d’une façon quotidienne, une refonte de la vie peut être effrayante et dans certains cas traumatisante.Certains enfants expatriés dont j’ai rencontré plusieurs en parcourant ce sentier, deviennent aigris, et même moi, quand nous sommes rentrés à Ottawa après notre affectation à Brasilia, je m’étais déclaré en grève. Il est difficile de s’adapter à un nouvel environnement spécialement lorsqu’on habite dans un endroit et le lendemain sans y penser pourrait devenir une différente histoire. Même le passé, le Venezuela, semblait être très lointain. J’aimais la diversité, connaître des différentes cultures, des langues, des traditions, des habitudes, et je répondais toujours à toutes ces différences enrichissantes avec beaucoup de respect. J’ai aussi apprécié mon sens d’appartenance. Mes parents ont réussi à faire un excellent travail en voulant être sûrs de notre adaptation en nous entourant d’affection et d’appui. Je savais que j’étais Canadien mais j’avais développé une identité fortement chilienne, me menant à croire que le Chili était mon pays de permanence. Si tout va bien, pourquoi faut-il changer? L’idée de quitter le pays me semblait ridicule et n’arrivais pas à comprendre. Même si on nous avait dit à Brian et moi que nous reviendrions à Ottawa un jour, il y avait un sentiment aigre-doux de voir arriver une fois de plus la fin d’un autre chapitre.

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