Les grands-parents sont peut-être parmi les gens les plus
précieux dans la vie des enfants. Les enfants ne peuvent pas attendre au moment
de les voir, et on dirait que le temps pour se réunir de nouveau avec eux est
interminable. Le simple fait d’être près d’eux, ou les cajoler affectueusement,
est un comportement tout à fait naturel, en plus d’attirer leur attention à
chaque minute, est l’objectif numéro un. Le temps passe trop vite et on se rend
même pas compte lorsqu’ils nous accompagnent, et si l’on n’arrête pas pour
regarder l’heure, le temps passe sans nous en apercevoir. Ce n’était
l’exception avec mes grands-parents paternels (mieux connus dans mon petit
monde comme Granny et Grandad) qui nous avions à peine eu
le plaisir de jouir au cours de l’année. Ma grand-mère maternelle qui était
veuve, ma Mémé, comme je vous l’ai déjà dit dans une entrée précédente de mon
blogue, était la seule personne dans la famille qui venait nous visiter
régulièrement pendant que nous étions en affectation à l’étranger. Je me
souviens très bien dès que le mois de décembre arrivait, je commençais à
compter les jours pour partir au Canada pour aller voir la famille, en
particulier Granny et Grandad.
![]() |
Granny et Grandad pendant un voyage en Angleterre |
Après notre voyage dans la Polynésie, nous avons repris
notre pélerinage habituel vers le nord gelé sans avoir ni la moindre
idée de ce qui nous attendait à notre retour à Santiago. La fin de l’été dans
l’hémisphère sud, naturellement présentait les sentiments mitigés de la
fraîcheur de l’automne qui approchait. La fin du mois de février voulait dire
que c’était le moment de se préparer pour la rentrée scolaire, remplaçant
l’excès de loisirs dont j’aimais bien pour lire des livres. Je trouvais mon
réconfort dans l’idée de revoir mes copains, en espérant que la nouvelle année
scolaire m’apporterait des cours intéressants. Il me tardait aussi pour mon
anniversaire, le 2 mars, juste deux semaines après la sonnerie de la cloche du
début scolaire. J’étais vraiment content de cette année en particulier, mon
anniversaire serait pendant le week-end. Néanmoins, la veille du grand jour,
mon parfait monde a été secoué une fois de plus. Ma Granny avait été
hospitalisée à cause d’une crise cardiaque et n’a pas été capable d’accrocher
au monde que nous partagions, et est
décédée le jour de mon anniversaire. Je me souviens toujours de ce moment avec
chagrin. J’ai perdu une grande personne et son souvenir me bénit avec un
superbe souvenir. Elle amait beaucoup Huck Finn et préparait de délicieux
desserts, elle nous servait toujours des portions énormes. Le choc a été
difficile à gérer, surtout parce je ne pouvais pas être près de mon Grandad pour
l’embrasser et l’appuyer, spécialement à présent qu’il était seul sans de la
parenteté à proximité. En outre, parce que nous avions déjà pris notre congé
annuel, nous n’avions pas les moyens pour aller aux obsèques de Granny. La
distance entre le Nord et le Sud semblait encore plus grande. Nous n’avons pas
pu rendre hommage à notre grand-maman et lui dire «Adieu!».
Je ne suis pas sûr de la façon dont les prochains événements
se sont déroulés, mais il me semble que mon papa a eu quelque chose à voir. La
perte de sa mère contribua à convaincre son père à prendre quelques jours de
conge pour venir nous voir à Santiago afin de surmonter le vide que Granny avait
laissé dans nos vies. Tous les quatre à partir de Santiago nous avons fait tout
le possible et contribuer à ce que cette rencontre de père-fils arrive. La
bonne nouvelle parmi toutes les mauvaises ce fut que Grandad viendrait
nous voir au bout de l’hémisphère sud. Brian et moi étions râvis d’apprendre la
nouvelle et nous allions avoir notre grand-père seulement pour nous, même si
nous étions de retour à l’école. Après le cancer de ma maman, les couvre-feux
au Venezuela et autres défis, nous étions capables de nous sentir à l’aise en
famille et on collaborait tous ensemble. C’était une grande opportunité pour
nous tous unis par la même force et la magie de la famille, d’aider mon Grandad
à garder l’esprit positif. Une fois que nous avons appris la nouvelle qu’il
venait nous voir, le jeu de l’attente recommeça une fois de plus, en espérant
que le jour pour aller le chercher à l’aéroport arrive bientôt. Je voulais que
tous mes amis sachent qu’il allait venir, en espérant qu’ils le rencontrent. Je
vous promets que j’ai même dû penser à organiser une parade militaire avec mes
GI Joes pour lui souhaiter la bienvenue. Par contre, mes parents probablement
étaient en train de planifier les activités, les choses qu’il fallait voir et
les endroits où nous allions le promener.
Enfin, le jour pour accueillir Grandad est arrivé.
Nous étions les quatre présents à l’aéroport pour l’accueillir et souhaitions
que chaque minute de sa visite se passe incroyablement bien pour lui. Nous voulions
dortoler mon Grandad d’une façon royale comme nous l’avions toujours
fait pour ma mémé. C’était merveilleux rentrer après l’école et le trouver chez
nous. Nous l’avons aussi emmené à Reñaca, notre paradis personnel, où il
semblait apprécier la côte du Pacifique. Une fois de plus, nous avons joué le
rôle de guides avec des connaissances appronfondies sur la région. Nous avons
mangé dans nos restaurants préférés, nous nous sommes promenés autour du port,
et sommes allés même dans la marine chilienne
qui avait une merveilleuse collection de navires de guerre sur le front
de la mer, peut-être comme une préparation à un exercice de guerre. Mon
souvenir le plus cher lors de sa visite est lorsque nous étions dans la maison
de plage lors d’une de nos soirées tranquilles tous ensemble. Brian et moi
avions décidé de rompre le silence avec un spectacle pour l’amuser. La chance
de Grandad! Au début des années 90, la chanson Black or White interprétée
par Michael Jackson était populaire à travers le monde avec son incomparable
aptitude de faire semblant de marcher sur la lune. Brian nous a organisé pour
les cérémonies d’ouverture, et commença à faire jouer la cassette de la
pièce Dangerous de Michael Jackson, ensuite nous nous sommes précipités
à prendre nos places respectives. Que le spectable commence! J’ai effectué des
gestes de classe universelle comme si c’était moi qui chantait et portais de
grandes lunettes de soleil, mon t-shirt de Terry Fox avec un motif d’une
feuille d’érable énorme et mes pantalons de jogging gris. Brian s’était
habillé avec son élégant ensemble de courses en nylon noir et se déplaçait pour
danser avec une aisance incroyable. Comme un oiseau libre. Il me semble qu’il
existe toujours une vidéo de cet événement, quelque part dans les archives de
famille et j’espère avoir l’opportunité de la partager avec vous à un moment
donné dans ce blog avant que ces séquences inestimables soient perdues dans le
temps. Les acteurs Bickford avaient un talent incroyable, mon Grandad avait
même fait voir la video à toute la famille au Canada. Quel honneur! Maintenant,
je sais ce que les 5 Jackson ont dû ressentir à la grande époque.
![]() |
Grandad et nous au vieux port de Valparaiso |
Un fois que mon Grandad était de retour chez lui, au
Canada, la réalité se remetta en place. À partir de ce moment, à chaque fois
que j’allais revoir mon Grandad, Granny ne serait plus là. En
fait, les dernières fois que j’ai été chez lui à Amherstview – pour se qui ne
connaisse pas bien la région, c’est une banlieue de Kingston en Ontario – Je ne
me suis jamais habitué à ne plus voir ma Granny. Il n’existe pas de
tombeau ni de mausolée où elle est enterrée. Grandad a fait la
propagation de ses cendres dans l’arrière jardin de la maison. Possiblement,
c’était en ayant en tête l’idée que de cette façon elle serait toujours avec
lui, mais lorsqu’il a fallu vendre la propriété dans l’année 2000, j’ai senti
comme si Granny avait été vendue avec. Mon pépé (mon grand-père
maternel) est décédé quand j’avais à peine trois ans et à présent ma Granny à l’âge d’onze ans. Ce fut impossible pour moi de dire ou penser
que ceci était quelque chose de normal dans la vie et que l’horloge arrête
quand il faut. En fait, c’était tout le contraire. J’ai estimé que j’avais été
volé en n’ayant plus ces personnes spéciales. Quant à mon pépé, le fait de ne pas
me rappeler très bien de lui m’attriste. Peut-être c’était l’âge, le fait que
nous n’habitions pas près, ou bien mon âge et être bousculé constamment par de
grands changements. J’ai développé une mentalité qui s’adapte à de pertes
personnels tragiques, convaincu qu’il est absolument important de se souvenir
des bons moments passes avec ces personnes chéries. Aussi longtemps que leur
souvenir prévalle, ils nous accompagnent toujours dans la vie. J’aime penser de
cette façon lorsque je me fixe à un objectif, c’est grâce à leur pensée
positive, puisqu’ils sont mes anges gardiens qui veillent sur moi.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire