Un enfant de troisième culture (TCK/3CK) ou enfant trans-culturel est "quelqu'un qui, pendant son enfance, a consacré une longue période de sa vie dans une ou plusieures cultures autres que sa propre, intégrant ainsi certains éléments de ces cultures avec celle sa naissance créant une troisième culture."

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dimanche 24 juillet 2011

Souvenir de deux superbes personnes

Les grands-parents sont peut-être parmi les gens les plus précieux dans la vie des enfants. Les enfants ne peuvent pas attendre au moment de les voir, et on dirait que le temps pour se réunir de nouveau avec eux est interminable. Le simple fait d’être près d’eux, ou les cajoler affectueusement, est un comportement tout à fait naturel, en plus d’attirer leur attention à chaque minute, est l’objectif numéro un. Le temps passe trop vite et on se rend même pas compte lorsqu’ils nous accompagnent, et si l’on n’arrête pas pour regarder l’heure, le temps passe sans nous en apercevoir. Ce n’était l’exception avec mes grands-parents paternels (mieux connus dans mon petit monde comme Granny et Grandad) qui nous avions à peine eu le plaisir de jouir au cours de l’année. Ma grand-mère maternelle qui était veuve, ma Mémé, comme je vous l’ai déjà dit dans une entrée précédente de mon blogue, était la seule personne dans la famille qui venait nous visiter régulièrement pendant que nous étions en affectation à l’étranger. Je me souviens très bien dès que le mois de décembre arrivait, je commençais à compter les jours pour partir au Canada pour aller voir la famille, en particulier Granny et Grandad.


Granny et Grandad pendant un voyage en Angleterre


Après notre voyage dans la Polynésie, nous avons repris notre pélerinage habituel vers le nord gelé sans avoir ni la moindre idée de ce qui nous attendait à notre retour à Santiago. La fin de l’été dans l’hémisphère sud, naturellement présentait les sentiments mitigés de la fraîcheur de l’automne qui approchait. La fin du mois de février voulait dire que c’était le moment de se préparer pour la rentrée scolaire, remplaçant l’excès de loisirs dont j’aimais bien pour lire des livres. Je trouvais mon réconfort dans l’idée de revoir mes copains, en espérant que la nouvelle année scolaire m’apporterait des cours intéressants. Il me tardait aussi pour mon anniversaire, le 2 mars, juste deux semaines après la sonnerie de la cloche du début scolaire. J’étais vraiment content de cette année en particulier, mon anniversaire serait pendant le week-end. Néanmoins, la veille du grand jour, mon parfait monde a été secoué une fois de plus. Ma Granny avait été hospitalisée à cause d’une crise cardiaque et n’a pas été capable d’accrocher au monde que nous partagions, et  est décédée le jour de mon anniversaire. Je me souviens toujours de ce moment avec chagrin. J’ai perdu une grande personne et son souvenir me bénit avec un superbe souvenir. Elle amait beaucoup Huck Finn et préparait de délicieux desserts, elle nous servait toujours des portions énormes. Le choc a été difficile à gérer, surtout parce je ne pouvais pas être près de mon Grandad pour l’embrasser et l’appuyer, spécialement à présent qu’il était seul sans de la parenteté à proximité. En outre, parce que nous avions déjà pris notre congé annuel, nous n’avions pas les moyens pour aller aux obsèques de Granny. La distance entre le Nord et le Sud semblait encore plus grande. Nous n’avons pas pu rendre hommage à notre grand-maman et lui dire «Adieu!».

Je ne suis pas sûr de la façon dont les prochains événements se sont déroulés, mais il me semble que mon papa a eu quelque chose à voir. La perte de sa mère contribua à convaincre son père à prendre quelques jours de conge pour venir nous voir à Santiago afin de surmonter le vide que Granny avait laissé dans nos vies. Tous les quatre à partir de Santiago nous avons fait tout le possible et contribuer à ce que cette rencontre de père-fils arrive. La bonne nouvelle parmi toutes les mauvaises ce fut que Grandad viendrait nous voir au bout de l’hémisphère sud. Brian et moi étions râvis d’apprendre la nouvelle et nous allions avoir notre grand-père seulement pour nous, même si nous étions de retour à l’école. Après le cancer de ma maman, les couvre-feux au Venezuela et autres défis, nous étions capables de nous sentir à l’aise en famille et on collaborait tous ensemble. C’était une grande opportunité pour nous tous unis par la même force et la magie de la famille, d’aider mon Grandad à garder l’esprit positif. Une fois que nous avons appris la nouvelle qu’il venait nous voir, le jeu de l’attente recommeça une fois de plus, en espérant que le jour pour aller le chercher à l’aéroport arrive bientôt. Je voulais que tous mes amis sachent qu’il allait venir, en espérant qu’ils le rencontrent. Je vous promets que j’ai même dû penser à organiser une parade militaire avec mes GI Joes pour lui souhaiter la bienvenue. Par contre, mes parents probablement étaient en train de planifier les activités, les choses qu’il fallait voir et les endroits où nous allions le promener.

Enfin, le jour pour accueillir Grandad est arrivé. Nous étions les quatre présents à l’aéroport pour l’accueillir et souhaitions que chaque minute de sa visite se passe incroyablement bien pour lui. Nous voulions dortoler mon Grandad d’une façon royale comme nous l’avions toujours fait pour ma mémé. C’était merveilleux rentrer après l’école et le trouver chez nous. Nous l’avons aussi emmené à Reñaca, notre paradis personnel, où il semblait apprécier la côte du Pacifique. Une fois de plus, nous avons joué le rôle de guides avec des connaissances appronfondies sur la région. Nous avons mangé dans nos restaurants préférés, nous nous sommes promenés autour du port, et sommes allés même dans la marine chilienne  qui avait une merveilleuse collection de navires de guerre sur le front de la mer, peut-être comme une préparation à un exercice de guerre. Mon souvenir le plus cher lors de sa visite est lorsque nous étions dans la maison de plage lors d’une de nos soirées tranquilles tous ensemble. Brian et moi avions décidé de rompre le silence avec un spectacle pour l’amuser. La chance de Grandad! Au début des années 90, la chanson Black or White interprétée par Michael Jackson était populaire à travers le monde avec son incomparable aptitude de faire semblant de marcher sur la lune. Brian nous a organisé pour les cérémonies d’ouverture, et commença à faire jouer la cassette de la pièce Dangerous de Michael Jackson, ensuite nous nous sommes précipités à prendre nos places respectives. Que le spectable commence! J’ai effectué des gestes de classe universelle comme si c’était moi qui chantait et portais de grandes lunettes de soleil, mon t-shirt de Terry Fox avec un motif d’une feuille d’érable énorme et mes pantalons de jogging gris. Brian s’était habillé avec son élégant ensemble de courses en nylon noir et se déplaçait pour danser avec une aisance incroyable. Comme un oiseau libre. Il me semble qu’il existe toujours une vidéo de cet événement, quelque part dans les archives de famille et j’espère avoir l’opportunité de la partager avec vous à un moment donné dans ce blog avant que ces séquences inestimables soient perdues dans le temps. Les acteurs Bickford avaient un talent incroyable, mon Grandad avait même fait voir la video à toute la famille au Canada. Quel honneur! Maintenant, je sais ce que les 5 Jackson ont dû ressentir à la grande époque.

Grandad et nous au vieux port de Valparaiso

Un fois que mon Grandad était de retour chez lui, au Canada, la réalité se remetta en place. À partir de ce moment, à chaque fois que j’allais revoir mon Grandad, Granny ne serait plus là. En fait, les dernières fois que j’ai été chez lui à Amherstview – pour se qui ne connaisse pas bien la région, c’est une banlieue de Kingston en Ontario – Je ne me suis jamais habitué à ne plus voir ma Granny. Il n’existe pas de tombeau ni de mausolée où elle est enterrée. Grandad a fait la propagation de ses cendres dans l’arrière jardin de la maison. Possiblement, c’était en ayant en tête l’idée que de cette façon elle serait toujours avec lui, mais lorsqu’il a fallu vendre la propriété dans l’année 2000, j’ai senti comme si Granny avait été vendue avec. Mon pépé (mon grand-père maternel) est décédé quand j’avais à peine trois ans et à présent ma Granny à  l’âge d’onze ans.  Ce fut impossible pour moi de dire ou penser que ceci était quelque chose de normal dans la vie et que l’horloge arrête quand il faut. En fait, c’était tout le contraire. J’ai estimé que j’avais été volé en n’ayant plus ces personnes spéciales. Quant à mon pépé, le fait de ne pas me rappeler très bien de lui m’attriste. Peut-être c’était l’âge, le fait que nous n’habitions pas près, ou bien mon âge et être bousculé constamment par de grands changements. J’ai développé une mentalité qui s’adapte à de pertes personnels tragiques, convaincu qu’il est absolument important de se souvenir des bons moments passes avec ces personnes chéries. Aussi longtemps que leur souvenir prévalle, ils nous accompagnent toujours dans la vie. J’aime penser de cette façon lorsque je me fixe à un objectif, c’est grâce à leur pensée positive, puisqu’ils sont mes anges gardiens qui veillent sur moi.

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