L’ambassade a continué de surveiller la crise des otages,
qui a eu une énorme attention et on a dû mettre beaucoup de énergie aussi dans
la politique péruvienne, mais il n’y avait aucune preuve que les négociations
avaient commencé. Puis, au début du mois de janvier, l’ambassadeur a été demandé de servir à titre personnel
comme garant d’un groupe. Avec le consentement et le soutien d’Ottawa, il a
accepté le rôle. Comme le ministre des affaires étrangères par interim nous a
expliqué, le groupe comprenait le Japon (représentant l’Asie), la cité du
Vatican (représentant l’Europe), le Canada (représentant les Amériques), et le
Comité de la Croix-Rouge internationale (fournissant de la nourriture, de l’eau
et des articles essentiels pour les otages sur une base quotidienne). Le
représentant du Japon a choisi d’être un observateur étant donné le grand
nombre d’otages japonais, et le représentant du CCRI a décidé de continuer à
consacrer ses efforts entièrement aux soins et à la alimentation des otages.
Les garants ont été efficacement limités à Tony Vincent et l’archevèque de
Ayacucho, Monseigneur Juan Luis Cipriani (représentant le Vatican), bien que le
représentant du Japon Terusuke Terada (Ambassadeur du Japon au Mexique) fournit
beaucoup de sages conseils.
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De droite à gaucge: Tony Vincent, Monsignor Cipriani, Domingo Palermo, Michel Minnig and Terusuke Terada |
Le mandat du groupe de garants, comme initialement prévu par
le gouvernement péruvien, fut d’être présent lorsque les terroristes déposaient
leurs armes, libéraient les otages et quittaient la résidence pour un lieu de
refuge. Ils ne devaient pas être présents pendant les négociations. Les garants
ont soutenu avec succès, qu’ils pouvaient garantir la mise en oeuvre d’un
accord, s’ils ne furent pas partie des négociations. Le gouvernement péruvien à
contrecoeur convenu de ce point de vue, et les garants ont découvert à leur
première réunion, entre le gouvernement et les terroristes, que les
négociations n’avaient pas encore commencé, et que les terroristes devenaient
de plus en plus excités au sujet de la mauvaise volonté du gouvernement pour
discuter de leurs revendications.
Afin de relancer les négociations, les garants commencèrent
à présenter leurs idées et stimulèrent
les discussions afin de préciser les positions et construire au moins une
petite mesure de confiance. Le rôle du garant est devenu celui d’un
facilitateur au lieu d’un observateur passif, et finalement un médiateur. Dans
le cadre de ce processus, j’ai dû former un sous-groupe pour visiter les
commandants du MRTA incarcérés à haute-altitude,des prisons de sécurité maximale
– effrayant, mais celà est une autre histoire.
Pour faire une légère digression, à un certain point dans
leur carrière, les diplomates reçoivent une formation en «compétences de
négociation». J’avais suivi ce cours plusieurs années avant, alors j’ai décidé
de chercher le matériel du cours et mes notes pour voir si je trouvais de
l’inspiration. Ce fut un exercice déprimant, dans cette occasion, aucun des
critères de succès de négociations étaient présents: Il n’y avait, entre autre,
aucune volonté d’aucun côté de négocier, pas de flexibilité dans les postes, ni
de confiance mutuelle, et du côté terroriste aucune compréhension claire de ce
que vraiment ils voulaient. Parfois, ils exigeaient la libération de tous leurs
camarades de prison, en d’autres occasions, ils demandaient de meilleurs soins
pour la santé, de l’alimentation, et des privilèges pour les visites ,et
d’autres fois, juste la libération de leurs principaux dirigeants. Les garants
tentèrent en vain de convaincre les terroristes que la libération de leur
dirigeants n’était pas un point de départ, et qu’ils devaient réduire leurs
attentes.
J’avais parlé avec des experts de sauvetage d’otages d’un
certain nombre de pays, y compris le nôtre, et le consensus fut qu’une
agression armée à la residence japonaise serait extrêmement coûteuse en vies
humaines, car l’immeuble était très grand et il y avait beaucoup de pièces, et
les otages ainsi que les ravisseurs étaient répartis dans tout le bâtiment. Un facteur essentiel a été que le MRTA
pratiquait régulièrement leur routine pour répondre à une telle attaque – qui
signifie essentiellement tuer autant d’otages que possible avant d’être
dépassés. L’avis a été que, si la reprise pouvait être accomplie en moins de 3
minutes, 50% des otages pourraient devenir victimes, 50% des otages restants
seraient morts dans les 3 minutes, et ainsi de suite. Si l’opération durait
plus de 12 minutes, il était probables que tous les otages seraient morts ou
blessés.
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La police péruvienne provoque les térroristes |
Les garants estimèrent que le seul résultat concevable et
favorable était de négocier une stratégie de sortie. Tous les efforts furent
mis en pratique pour assurer une telle conclusion, mais au fur et à mesure que
les mois passaient, il y avait très peu de progrès. Les réunions entre le
gouvernement et les terroristes furent rares et pro forma sans accomplir
grand chose. Comme conséquence, les garants passaient plus de temps dans la
résidence japonaise en train d’essayer que les terroristes les écoutent et
demandant aux otages de rester calmes et de ne pas provoquer leurs ravisseurs.
À cet égard, les garants ont eu plus de succès. Le moral y était là parmi les
otages, il y eut quelques cas d’affrontement entre les otages et les
terroristes, et une forme de syndrome de Stockholm inversé apparut – plusieurs
des jeunes (de 15 et 16 ans) et les terroristes les plus impressionables
étaient impressionés par la présence des ministres, des généraux et des
ambassadeurs et les voyaient comme un exemple.
Dans l’intervale, l’armée péruvienne était en train de
creuser des tunnels sous la résidence…
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